Des plaques de terre, légèrement bombées, sur lesquelles je pose des couches d’émail, en superpositions épaisses, qui vont se napper et réagir entre elles, suivant leurs compositions et les parcours des flammes et des cendres qui se déposent.

Je laisse de côté toute idée de forme utilitaire, décorative ou narrative. Cette pièces est montrée en 1976 à la galerie Noëlla Gest de Saint-Remy-de-Provence, dans une des plus marquantes des expositions de ces années, "18 artites et la terre" qui groupait quelques céramistes orientés vers les expressions contemporaines. Noëlla a défendu pendant vingt ans la céramique, la présentant en même temps que la peinture et la sculpture, sans faire aucune hiérarchie, et toujours dans une optique de grande qualité et exigence.

En 1979, l'exposition "Trente états d'un rouge à propos de la mort d'un four" fait deux constats : le four et l'atelier de Decoeur dans lequel j'ai travaillé depuis 1968, vont être démolis sans que cela n'émeuve personne ; je quitte Paris sans bagages et sans regrets.

Cette exposition à la galerie Sarver, rue Saint-Paul, montre trente plaques toutes les mêmes, mais toutes différentes ; les positionnements dans le four créant ces différences.

Affirmation de l'idée de répétition, et travail de petites variations musicales. Je pensais à Terry Riley, ou La Monte Young...

Cette pratique des débuts me positionne dans une pratique d'expérimentation sensible et empirique comme moyen de compréhension du monde.

Tâtonnements ; chercher les limites ; s'apercevoir qu'il n'y en a pas ; sinon celles de notre petite énergie qui ramène à l'échelle du corps ; je fais ce que mon corps peut supporter ; je répète ou j'accumule ces éléments.

Maîtrise qui accepte l'accident ; schématisation des formes qui deviennent des signes...